Rendez-vous dans vingt ans pour le récupérer.
Avant de se mettre à table dans une fosse de 80m³, soixante jeunes âgés de 6 à 18 ans ont rencontré Emmanuel Paris, maître de conférences en communication scientifique à l’université de Paris XIII et coordinateur du projet. « L’idée de cette opération se rapproche de ce que l’école de commerce HEC a mené en 1983 » explique t-il. « Seulement, ces personnes étaient sûres de réussir dans la vie. Ici, les jeunes évoluent dans un contexte social difficile. L’idée est de les réunir dans vingt ans, voir ce qu’ils sont devenus et prendre de leurs nouvelles ».
Vient le moment tant attendu, l’enfouissement. Au préalable, la procédure exige que chaque objet déposé soit soigneusement répertorié, photographié et calibré. Ces informations seront déposées aux archives nationales puis transmises aux archéologues au moment des fouilles. Aux abords de l’auberge sous l’herbe, la pelleteuse est déjà prête à remplir la fosse.
Parmi les témoignages laissés par les jeunes, l’archéologue en charge des fouilles en 2030 trouvera des téléphones portables, des clés USB, des poteries et surtout des lettres que les enfants ont adressé à leur parents. « La charge symbolique de cette action est très forte », constate le directeur de la Maison des Enfants de la Marine, Éric Legros.
« Les enfants sont sensibles à cette expérience. Ils se sont projeté vers l’avenir et ont imaginé leur futur. Certains espèrent même revenir dans vingt ans avec femme et enfants. Ils ont pris conscience des limites de notre vie ». L’association fondée à l’origine pour recueillir les orphelins de la marine s’occupe aujourd’hui d’aider les enfants en difficulté en participant à leur réinsertion dans la vie.
Geoffrey, 13 ans, et Dylan, 11 ans, ont tous deux laissé un message. « On va essayer d’être là » disent-ils sans grande conviction. 2030 semble tellement lointain pour eux… A l’issue de la cérémonie, les participants ont reçu un diplôme les invitant à participer aux fouilles qui se dérouleront le mardi 2 juillet 2030.